Osons l’avouer : écoutant quelques titres plus ou moins récents dans des idiomes par nous connus, il nous est arrivé de regretter l’âge d’or de la pop instrumentale. Comme disait déjà ce bon vieux Serge, par la voix de Jane : Où est l’ombre des Shadows ? (avec en prime un jeu de mots bilingue pas dégueu)…
Euterpe nous aurait-elle entendus ? La fin 2022 a porté dans nos esgourdes acouphènisées par l’auto-tune et les barbarismes, deux albums qui laissent à la fois l’auditeur et le musicien sans voix.
Pour commencer les Danois du Tremolo Beer Gut (en gros le bide à bière (référence à la surcharge pondérale impondérable due à l’absorption fréquente de boisson houblonnée) tremblant) reprennent l’histoire là où les Link Wray, Dick Dale, Duane Eddy et autres Spotnicks l’avaient laissée, avec grosse rythmique binaires, guitare twang et le potard de la réverb’ sur 12.
Autre paysage avec les frangins Gutierrez. La reverb’ est toujours là, mais ce que les dos hermanos font avec leur doigts, 12 cordes—et la réverb—est assez prodigieux. Ces deux-là n’ont pas besoin de parler, au son de leur album, ce sont les paysages de la frontière, celle du Sud ou l’ancienne, celle de l’Ouest, des Etats-Unis qui défilent.
Prenez un bout de route avec le son des Hermanos Gutierrez, et vous aurez l’impression d’aller à El Paso ou Albuquerque dans votre vieille Chevrolet® alors que vous allez à Frontignan ou Châteauroux en Duster. De quoi voyager en ménageant son bilan carbone (encore meilleur si vous covoiturez !).